vendredi 30 octobre 2015

Le Sense Of Wonder épisode 3 : Les Sursauts Gamma



 Salut les poussières d'étoiles !

Vous l'attendiez tous, voici le nouvel épisode du Sense Of Wonder ! J'espère que vous êtes bien accrochés, parce que cet épisode va s'intéresser aux phénomènes les plus violents, les plus BADASS de l'univers : les sursauts gamma. On y parle guerre froide, explosions nucléaires et extinctions de masse. Ambiance !



Un énorme merci au CEA de Saclay qui nous a très aimablement permis de tourner dans les locaux historiques de l'une de leurs piles nucléaires, la pile EL3 ! Ce réacteur des années 60, aujourd'hui partiellement démantelé, n'a pas de lien direct avec la découverte des sursauts gamma, mais le décor unique de ses panneaux de commande et de ses piles de stockage donne à la vidéo un rendu atomique !

Si cet épisode vous a plu, un petit partage à vos amis reste la meilleure manière de nous le montrer ! Enfin, si les sursauts gamma vous intriguent autant que nous, n'hésitez pas à nous envoyer vos questions sur Twitter au hashtag #LeSenseOfWonder ou dans les commentaires Youtube ! A bientôt pour un prochain épisode toujours plus près des étoiles ;)

dimanche 25 octobre 2015

La Glace et le Ciel, de Luc Jacquet



Je ne traite pas souvent de films par ici. Notamment parce que tant d'autres le font bien mieux que moi. Mais il est des films dont je ne peux décemment pas taire l'existence. "La Glace Et Le Ciel", de Luc Jacquet, est l'un de ces films. J'ai eu l'honneur d'être convié à l'avant première il y a un mois (un grand merci à Lamia pour l'invitation !), et dire que ce documentaire m'a touché serait un doux euphémisme.

Luc Jacquet, dont vous connaissez peut être l'excellent "La Marche de l'Empereur" ou plus récemment "Il Était Une Forêt", récidive en nous entraînant dans un voyage à travers l'Antarctique, sur les traces du glaciologue français Claude Lorius. Sur le continent de glace, où le temps semble s'être arrêté, l'Histoire du monde s'écrit, silencieusement, au fil des millénaires. C'est dans ce contexte qu'un jeune Lorius en mal d'aventure s'embarque pour un séjour d'un an sur une base française, la base Charcot. Ainsi débute le récit d'une vie, une vie dont l'histoire s'est mêlée à l'Histoire, avec un grand H, de manière assez extraordinaire. Car ses découvertes vont changer à jamais notre rapport au monde qui nous entoure. 

Au fil de ses recherches, Lorius découvre en effet que la composition de la neige varie en fonction de la température à laquelle elle se forme. Une découverte majeure puisqu'elle va permettre de mesurer les températures du passé de la Terre sur des dizaines de milliers d'années. Mais il ne s'arrête pas là : car la glace permet aussi de tracer la composition de l'atmosphère, grâce à de petites bulles d'air emprisonnées jusque là dans les carottes. Chaque couche de glace devient ainsi une page qui s'ouvre sur l'Histoire du Monde. Et la révélation est de taille. Parce que ce que l'analyse de ces échantillons va mettre à jour, ce n'est ni plus ni moins que le changement climatique, ainsi que la preuve irrévocable du rôle de l'Homme dans cette modification.

Le constat n'est pas brillant. De nos rejets de CO2 à nos essais nucléaires, les traces de notre activité se dessinent dans la glace. Indélébiles. A partir de là, Lorius va consacrer sa vie à lutter pour une prise de conscience mondiale de notre impact sur la planète. Souvent sous le regard sceptique de ses contemporains. Mais si le film aurait pu facilement tomber dans l'écueil du cynisme et de la culpabilisation, il se termine néanmoins sur une note d'espoir empreinte d'humanisme, un appel à la créativité, et surtout, à l'action. Car comme le dit Lorius lui-même, "l'Homme n'est jamais si sublimement lui-même que devant l'adversité".

Côté vulgarisation, le film réussit l'exploit d'être assez rigoureux sur le plan scientifique sans jamais se perdre dans le jargon technique, ce qui le rend facilement accessible. Il fait de la science une histoire profondément humaine, d'une manière que j'ai rarement vue au cinéma. Les images de la base Vostok par exemple, l'un des endroits les plus reculés au monde, révèlent un lieu privilégié de collaboration internationale, où un sentiment de fraternité et de camaraderie transcende les frontières, en pleine guerre froide. Le tout est renforcé par des anecdotes insolites que je ne vais pas spoiler, mais qui vous feront certainement lever un sourcil ou deux.

Les images sont d'une beauté à couper le souffle. Je garderai longtemps en tête la vision de la base Charcot, baignée dans la lueur irréelle d'une aurore australe. S'en dégage un rendu viscéral et authentique, surtout quand on sait que ces images n'avaient pas pour vocation d'être diffusées un jour. On est loin des biofictions américaines à la "Imitation Game", romancées et dramatisées. Ici l'Histoire se déroule sous nos yeux, brute, avec le montage de Luc Jacquet comme seule liberté artistique (ainsi que quelques plans du Lorius d'aujourd'hui contemplant le monde, d'un air nostalgique).  

Mais résumer ce film à son côté documentaire ne lui rendrait pas hommage. Car "La Glace Et Le Ciel" est plus qu'un documentaire. C'est un film d'aventure, une ode à la détermination et à l'inventivité de l'Homme. A travers le regard du glaciologue, Luc Jacquet nous ramène à une époque où rien n'était impossible. Où l'Antarctique n'était connu que de quelques explorateurs, qui parfois y laissèrent leur vie. Mais aussi et surtout, c'est un hommage infiniment respectueux à la vie passionnante et passionnée de Claude Lorius. Une vie mue par le goût de l'effort et par l'amour de la glace, un amour partagé par le réalisateur, qui transpire tout au long du film.

Vous l'aurez compris, "La Glace Et Le Ciel" est un film important, que je vous encourage vivement à aller voir en salle. Vous en sortirez changés.


PS : Un programme pédagogique est né autour du film, sous la forme d'une fascinante histoire multimédia en scrollytelling, qui nous parle de glaciologie et de changement climatique. Un beau projet, tout en animations et en interviews, à consulter par ici : http://education.laglaceetleciel.com/.

vendredi 24 juillet 2015

Le Sense Of Wonder épisode 2 : Supernovae et poussières d'étoiles


Salut les poussières d'étoiles !

Il a su se faire attendre, mais après moult péripéties voici enfin le nouvel épisode du Sense Of Wonder ! Dans ce deuxième voyage à travers le cosmos, on va s'intéresser à la vie des étoiles bien plus massives que notre Soleil... Attendez-vous à quelques révélations sur vos origines cosmiques !


Pour l'occasion, niveau décor Etienne et moi avons décidé de passer au niveau 2. En effet nous avons eu l'honneur de tourner à l'Observatoire privé de Camille Flammarion, astronome français du XIXe siècle et l'un des plus grands vulgarisateurs scientifiques de tous les temps ! Un lieu de tournage symbolique pour moi, ainsi qu'un véritable moment d'émotion. Moment que je dois en particulier à Philippe Baudouin, qui m'a fait découvrir ce lieu insolite, et à Gérard Dufour, président de l'association des amis de Camille Flammarion, qui nous a très aimablement accueilli. Un grand merci à eux, ainsi qu'à la Société Astronomique de France, qui nous a permis de diffuser cette vidéo ! L'histoire de cet observatoire historique est hallucinante, et je vous encourage vivement à aller le visiter.

On espère que cet épisode vous plaira autant qu'il nous a plu à le réaliser ! Si c'est le cas, n'hésitez pas à partager cette vidéo auprès de vos amis, et à me poser vos questions sur Twitter au hashtag #LeSenseOfWonder ou dans les commentaires Youtube ! Et rendez-vous très bientôt pour un nouvel opus... Explosif !


vendredi 22 mai 2015

Le Sense Of Wonder : La chaîne Youtube !



GROSSE NOUVELLE ! Après des années de réflexion, j'ai enfin décidé de consacrer les dernières minutes de temps libre qui me restent à m'engager dans un format qui me tient à cœur : la vidéo !

J'ai donc le plaisir de vous annoncer la naissance de la chaîne Youtube "Le Sense Of Wonder" ! Cette chaîne parlera... De la vie. De l'univers. Et du reste. De notre place dans le cosmos. Des lois qui régissent notre monde. De nos liens avec les étoiles, les planètes et les galaxies. De notre passé. De notre futur. Et de tout ce qui se trouve entre les deux. Le tout sur un ton que j'espère décalé et accessible. Mon but ? Vous faire comprendre. Vous faire rire. Mais aussi et surtout vous émerveiller. D'où le nom de cette chaîne : le Sense Of Wonder. Le sens de l'émerveillement.

Cette série n'aurait probablement pas vu le jour sans le travail méticuleux du génial Etienne Ledolley, que je remercie en Klingon parce que j'ai rien trouvé de mieux sur le coup. Voilà. Qatlho Etienne. Qatlho.

Et comme j'aime pas mal briser les conventions, je vous propose de commencer cette série... Par la fin. La fin du monde. Pas celle des Mayas ou de la Bible non... La vraie.


Parler seul face à une caméra, c'est une expérience totalement nouvelle pour moi, et assez déroutante en fait ! Bref. Je débute. Cette chaîne n'évoluera qu'à travers vos retours, alors n'hésitez pas à interagir, à suggérer, à questionner, à commenter et surtout à partager autour de vous ! N'oubliez pas, chaque abonnement, partage et like me rapprochera inévitablement de mon but ultime, la domination du monde ! Je compte sur vous.

PS : Le Sense Of Wonder se dote aussi d'une page Facebook ! Vous savez quoi faire. https://www.facebook.com/lesenseofwonder

mercredi 21 janvier 2015

"Connais-toi toi-même" - Chapitre 1 : Intro(spection)



 Je me suis levé ce matin en me demandant qui j'étais. Dans les limbes, lové dans la bulle rassurante de la routine matinale, la question semble incongrue. J'interroge mon miroir. Je me rassure en invoquant mon nom, comme une évidence. Problème réglé, retour à la douce berceuse des habitudes. Mais le soulagement ne dure pas bien longtemps. Quelque chose ne va pas. Plus j'y réfléchis, plus le problème semble persister. Je mets un moment à comprendre. Et là, ça me frappe : je suis pris en flagrant délit de raccourci intellectuel. Le fait de me définir par mon nom ne m'apprendra rien sur ma nature profonde, de la même façon que de savoir que le nom scientifique du caméléon panthère est Furcifer pardalis ne m'apprendra rien sur la manière dont il change de couleur. Honteux, je ravale mon arrogance. Est ce que je l'ai seulement jamais su ? Je ne suis plus sûr de rien. Non sérieusement, je suis qui bordel, je suis quoi, quels sont les liens que je tisse avec l'univers, qu'est ce que je fous là, à cet instant, à parler à mon miroir ? En pleine crise identitaire, je ressens un besoin irrépressible de faire le point.

Je me suis levé ce matin en me demandant qui j'étais. Et voici ce que j'en sais... 

Je pèse donc je suis

 Je suis. J'existe. Ça je peux difficilement le nier. C'est le point de départ. Pour savoir pourquoi j'existe, je dois tout reprendre depuis le début. Pour faire un univers, prenez de l'énergie, 4 forces fondamentales, une vingtaine de constantes fondamentales qui vont déterminer des broutilles comme la vitesse de la lumière ou l'intensité relative des différentes forces, un soupçon d'inflation cosmique, un brouhaha de particules subatomiques surgissant dans l'existence à des énergies données, de la matière noire et de l'énergie sombre, votre ingrédient secret. Faites en sorte que vos constantes permettent l'apparition de la complexité. Peut être n'aurez vous même pas le choix... Comprimez le tout dans un point minuscule et laissez refroidir plusieurs milliards d'années. Votre univers gonfle, emporté dans la course de l'espace-temps. Des grumeaux apparaissent. Grumeaux qui deviennent toile cosmique. Galaxies. Etoiles. Planètes. Vie. Au bout de 13,8 milliards d'années, votre univers s'éveille et tente de comprendre sa propre existence. Dégustez pendant que c'est encore ordonné.
Voilà. 13,8 milliards d'années d'évolution cosmique vous donnent littéralement... Matière à réflexion. Oh ce n'est vraiment pas grand chose. A peine un murmure dans l'immensité cosmique. Une réalisation de l'énergie primordiale, persuadée d'exister. Mais capable, à elle seule, de créer des univers...

Fils des étoiles

  Remontons le fil de ma ligne d'univers. Il y a 13,8 milliards d'années, je n'étais encore que pure énergie. Mouvement. Chaleur. J'étais là. Quelque part. Partout. Sans le savoir. Pendant un bref instant, j'étais Un. J'étais Tout. J'étais... "Qi" ? Progressivement l'énergie devient matière, qui à son tour libère son énergie. Je deviens gaz homogène d'atomes d'hydrogène, baigné par la lumière primordiale. La matière autour de moi s'organise en nuages. Je ne résiste pas, attiré inexorablement par la force de la gravité. Tout devient plus dense. Et chaud. Si chaud. La répulsion électrostatique, qui sépare d'ordinaire chaque atome de ses voisins, ne suffit plus à les tenir à l'écart. Je fusionne. 4 atomes d'hydrogène donnent un atome d'hélium. La réaction produit une quantité phénoménale d'énergie. Tout s'éclaire à présent ! Je suis devenu une étoile. Dans mon coeur, la pression est telle que les protons s'accumulent. De nouveaux éléments naissent, de plus en plus lourds. De l'oxygène qui circulera un jour dans mes veines au calcium qui formera mes os, tous les atomes qui me constitueront seront créés ici, dans mon coeur d'étoile. Mais cette naissance est aussi un signe, un signe que ma vie d'étoile arrive à son terme. Des milliards d'années durant j'ai lutté pour pouvoir conserver ma forme. L'énergie produite en mon sein, en poussant sur les couches de gaz, suffisait jusqu'alors à contrer l'effet de la gravité. Un équilibre délicat. Mais ma réserve d'hydrogène s'est finalement épuisée. La gravité reprend alors le dessus. Tout se joue en une fraction de seconde. Mon noyau s'effondre brusquement sous son poids. Les couches externes de gaz, qui n'ont rien vu venir, se jettent sur le noyau mis à nu, puis rebondissent, comme repoussées par un mur indestructible. La carapace de mon coeur explose, libérant les précieux éléments qui essaiment l'univers... Un astre, désastre.
Je ne sais pas combien de temps j'ai dérivé ainsi dans l'espace. J'ai fini par être capté par la gravité d'un soleil voisin. Sa chaleur est rassurante. Il est encore jeune et fougueux, mais entouré d'un disque de poussières tout à fait charmant. Je mèle mes atomes à ce dernier. Entraîné dans le grand manège cosmique, j'orbite, je m'agglutine avec mes voisins. Plus je deviens lourd, plus j'attire la matière autour de moi. Petit à petit je prends la forme de blocs rocheux. De tas de caillous. De planète. Mes futurs habitants m'appelleront... Terre.

[A suivre...]

dimanche 18 janvier 2015

Pourquoi tweeter quand on est chercheur ?




Dans un article du journal Le Monde paru en 2014 intitulé “Twitter et les chercheurs, l’exception française ?”, Sylvain Deville s’étonnait de la faible place qu’occupe l’oiseau bleu chez les chercheurs français par rapport à nos collègues anglo-saxons. Notre rapport à la communication en général serait lacunaire, pour des raisons tant culturelles qu’institutionnelles. Aujourd’hui, grâce à En Direct Du Labo, nous vous proposons de participer à changer cet état de fait en constituant la première communauté de chercheurs francophones ouverts à la communication scientifique sur Twitter !

Pourquoi utiliser Twitter lorsqu’on est un(e) chercheur(se) ? Si vous pensez que vous n’avez rien à y gagner, voici quelques raisons qui pourraient vous faire changer d’avis :

  • Peu d’efforts d’engagement
La recherche scientifique est une activité chronophage qui laisse peu de temps à la communication. D’où l’intérêt du micro-blogging : moins de 140 caractères suffisent ! Twitter est l’un des meilleurs moyens de se lancer dans la communication scientifique avec un investissement minimal et durable. Le Retweet, en particulier, permet la diffusion instantanée à vos abonnés des articles que vous jugerez digne d’intérêt. Peut être même participerez vous à les rendre viraux !

  • Un public large et varié
Avec plus de 284 millions d’utilisateurs actifs mensuels en 2015 (Source), Twitter est aujourd’hui l’un des réseaux sociaux les plus utilisés au monde. Selon un sondage de l’IPSOS réalisé en 2013, près de 5% des français gazouillent activement et régulièrement. Ce qui vous donne accès à un public potentiel de plusieurs millions de personnes !

  • Une conversation, pas un cours
Les réseaux sociaux vous donnent une opportunité extraordinaire : celle de vous adresser directement à votre public, mais aussi d’interagir et de le faire participer. Contrairement à un cours ou une conférence en amphi, votre public n’est pas passif. Les gens usent de leur anonymat pour poser spontanément et à tout moment les questions qui leur viennent à l’esprit. Leurs commentaires pourront aussi vous apprendre des choses !

  • Un exercice de concision
La limite de 140 caractères vous gène ? Gardez à l’esprit que la créativité naît de la contrainte ! Être capable de communiquer autour de son travail en quelques phrases simples est en soi un formidable exercice de vulgarisation scientifique. Et pour exprimer une idée complexe, vous pourrez toujours compter sur les images ou les liens vers les ressources ou un blog de votre choix.

  • Une source d’information sur l’actualité scientifique
Il existe sur Twitter une véritable communauté autour de l’actualité scientifique. Les comptes des universités et des institutions à caractère scientifiques vous informeront de leurs événements et de leurs conférences. L’Agence Science Presse a récemment compilé une liste collaborative (non exhaustive) des chercheurs francophones sur Twitter. Le site Tweet your Science a fait de même pour les chercheurs anglophones. A noter que le réseau social peut devenir partie intégrante du processus scientifique ! Les chercheurs d’un même domaine peuvent ainsi communiquer entre eux autour d’un article intéressant qu’ils ont déniché, ou s’informer d’un colloque à venir.

  • Un outil de suivi des événements scientifiques
Vous pouvez voir Twitter comme un outil de prise de notes collaboratif et public lors d’une conférence ou d’un événement scientifique. De plus en plus d’événements proposent en effet un hashtag, un mot clé qui servira à en retrouver toutes les informations. Vous n’y participez pas ? En suivant ce mot-clé, vous saurez en temps réel ce qui s’y dit. Vous y participez ? Vous pouvez placer le hastag dans vos tweets et informer en temps réel le public du contenu et du déroulement de l’événement, ce qui leur permettra d’en tirer la substantifique moelle !

  • Un outil de notoriété publique ET académique
Un article de Shuai et al. paru en 2012 et étudiant près de 4600 articles scientifiques a montré que les articles mentionnés sur Twitter étaient en moyenne plus téléchargés et plus cités que les autres. Un indicateur semi-sérieux a même vu le jour pour comparer votre notoriété publique et académique, l’indice de Kardashian. Quel est le votre ? :)

Références :

En Français :

En anglais (via @Freakonometrics) :
Can tweets predict citations? (metrics of social impact based on Twitter and correlation with traditional metrics of scientific impact)

jeudi 31 juillet 2014

Astronomie et poésie créole

 La comète Lovejoy vue du Piton Maïdo (Ile de la Réunion) (PHOTO: Luc Perrot)

Je ne sais pas pourquoi, mais depuis quelques temps je me suis découvert une passion pour les interfaces entre poésie et astronomie. Je soupçonne vaguement la lecture de la superbe anthologie de Jean Pierre Luminet, « les Poètes et l'univers », d'y être pour quelque chose. Enfin, ça ne devrait pas m'étonner autant. Après tout, le ciel inspire depuis toujours des poètes du monde entier, alors pourquoi les poètes ne pourraient-ils pas inspirer les astronomes ?

Du balcon de la maison où j'ai grandi, loin de la lumière dans laquelle baignent les grandes villes, il n'est pas rare d'apercevoir par temps clair un bout de ce voile diffus qui remplit le ciel et nous ramène tous les soirs à notre condition de mortel : la Voie Lactée. Je me suis rendu compte à quel point cette relation privilégiée avec le ciel nocturne était une chance lorsque j'ai emménagé dans la Capitale, où la nuit est souvent plus belle sous nos pieds qu'au dessus de nos têtes. Je me suis longtemps demandé (en vain) quel était le rapport de mes ancêtres plus ou moins directs avec le ciel et les phénomènes célestes.

Prenons les comètes par exemple. Pour de nombreuses cultures ancestrales, les apparitions imprévisibles et les mouvements erratiques des comètes faisaient d'elles tantôt des messages des dieux, tantôt les présages d'un futur désastre. Mais qu'en est-il de ma culture à moi ? Mon pays natal, l'île de la Réunion, petit bout de paradis perdu dans l'Océan Indien sur laquelle j'écris ces ligne, est une terre constellée de légendes, de croyances et de superstitions. Quelles histoires se racontait-on autour d'un feu de bois, sous la lueur rassurante d'une nuit claire ? Comment les réunionnais "lontan" réagissaient-ils à l'approche d'une comète ? D'une éclipse ? Vous comprendrez ma joie quand j'ai découvert, au hasard d'une bibliothèque d'hôtel, un poème créole daté de 1948 qui répondait à toutes ces questions ! Une perle aussi rare que précieuse, je ne pouvais pas ne pas la partager...


PS : en bonus pour les « zoreils »* et autres non créolophones qui me lisent, une traduction de votre serviteur (qui vaut ce qu'elle vaut) pour vous aider à déchiffrer ce poème...


*Français de métropole

Z'astronomie

Avec département
Nous l'est en progrès
N'importe comment
Et à peu d'frais

Nous l'a vu l'eclipse
L'aut'jour
La lune la tire son jipe
Soleil l'a tourne autour

Pou zaut embrassé
La voulu teind' la lampe
Mais l'a pas fait
A cause premier novembre

Qu'ecq'jours après
Sans tambours ni trompettes
La haut l'a expédié
Quo ça ? Un comète.

Mon frère té y fait peur
Ce gros étoile
Su coup de quatre heures
Avec son queue moulale !

Un peu di com'ça
La fin du mounde
Partage ç'aq nana
Avec malheureux.

Pêcheurs y trouvent
Ça un bon signe :
Y faut cale vouve
Pou bichique et chevaquine

Le plus joli
C'est band vieux filles
Qui regrette la vie
Sans connaître un mari

Z'aut l'a fait in promesse
Avec tout le prêtre
Y demande la messe
Pou fait court la comète.

Arnest
23 Novembre 1948

L'astronomie

Avec le département
Nous sommes en progrès
N'importe comment
Et à peu de frais

Nous avons vu l’éclipse
L'autre jour
La lune a retiré sa jupe
Le Soleil lui a tourné autour

Pour s'embrasser
Ils ont voulu éteindre la lampe
Mais ils ne l'ont pas fait
A cause du premier Novembre

Quelques jours après
Sans tambours ni trompettes
Le Ciel a expédié
Quoi ? Une comète.

Mon frère, elle faisait peur
Cette grosse étoile
Sur le coup de quatre heure
Avec sa queue poussiéreuse

Certains disent
Que c'est la fin du monde
Partagez ce que vous possédez
Avec les malheureux

Les pêcheurs trouvent
Que c'est plutôt bon signe
Il faut étendre les filets
Pour attraper bichiques et chevaquines

Le plus joli
Ce sont les vieilles filles
Qui regrettent d'avoir passé la vie
Sans connaître de mari

Elles ont fait une promesse
Avec tous les prêtres
Elles demandent une messe
Pour faire partir la comète.

Arnest
23 Novembre 1948


A travers le regard du poète, c'est tout un pan de l'histoire des réunionnais qui se dévoile. Mais pas que ! Car une rapide recherche autour de la date de l’œuvre a révélé que la comète en question a bel et bien existé ! Il s'agit en effet de la bien nommée "Comète de l'éclipse", aussi appelée la grande comète de 1948. Le 1er Novembre 1948, lors d'une éclipse totale du Soleil, celle-ci passait au plus près du Soleil, devenant ainsi aussi visible que Mars à l’œil nu. Sacrée nuit pour les astronomes amateurs de l'époque ! On ne peut que comprendre la confusion des gens, souvent mal informés sur ce qui se rapporte au ciel, à la suite d'une telle coïncidence cosmique. Car au final, une comète, c'est quoi ?

Une comète est une boule de neige sale, un agglomérat de poussières et de glace, pris au piège dans sa course aux confins du système solaire par la gravité du Soleil. On dit qu'elles proviendraient de vastes réservoir situés au delà de Neptune, à une distance comprise entre 30 et 150 000 fois la distance entre la Terre et le Soleil. En s'approchant de notre étoile, la glace à leur surface se sublime (passe de l'état solide à l'état gazeux), formant autour d'elles un halo de gaz et de poussière qu'on appelle leur chevelure. Au fil des temps, deux queues se dessinent. L'une, d'une belle couleur bleutée, est constituée d'atomes ionisés et, à la merci des vents solaires, pointe systématiquement la direction opposée au Soleil. La plus grande est surtout constituée gaz et de poussières, et peut s'étendre sur plusieurs dizaines de millions de kilomètres !


Ces objets sont d'une importance capitale pour étudier l'histoire de notre système solaire, car leur composition est restée inchangée depuis le début de celle-ci, il y a près de 4.5 milliards d'années. Je ne peux d'ailleurs pas vous parler de comète sans vous parler des dernières nouvelles du périple de la sonde Rosetta, la sonde de l'Agence Spatiale Européenne lancée en 2004 à destination de la comète 67P dans le but de poser pour la première fois de l'Histoire un atterrisseur à sa surface. A l'heure où je vous parle, Rosetta continue de s'approcher inexorablement de sa cible et devrait atteindre sa destination d'ici la semaine prochaine, dans ce qui devrait constituer la série à suspense de l'été tant la mission est risquée ! Les dernières images datées du 29 Juillet dernier, à moins de 2000 km de distance de la comète, révèlent une étrange forme de bottine ainsi qu'une surface grumeleuse et peu cratérisée.

Crédits : ESA

Quant à la comète de l’éclipse, son prochain passage près de chez nous est prévu dans un peu moins de... 85000 ans. Je me demande bien quels genres de poèmes accompagneront son arrivée...

Sources :